mercredi 18 juillet 2007

[Jalal-Abat] L'eau minérale, fierté nationale

Toc toc toc! Il est 6h40 pour nous et Saipidin frappe déjà à notre porte. On ouvre la porte pas encore tout à fait réveiller puisque l'on avait rendez-vous à 8h! C'est là que l'on réalise que l'on a oublié de changer nos montres pour tenir du décalage horaire entre Ouzbékistan et Kirghizistan (il y a 1h de plus ici). Cela explique aussi pourquoi nos hôtes ont subtilement mentionné qu'ils nous ont attendu hier pour notre rendez-vous dinatoire.

On fonce dans un taxi (une Audi svp!) organisé par Saipidin et nous voilà en 1h30 à Jalal-Abat. La route est impeccable. Elle vient d'être refaite par les chinois (route Osh-Bishkek). Au début notre chauffeur papy était un vrai gentleman mais malheureusement cela n'a guère duré! Il s'est mis à doubler tout le monde, et ce même dans les situations les plus absurdes (double ligne continue en plein virage sans visibilité!). Il faudra décidément se faire au mode de conduite en Asie Centrale!

A Jalal-Abat, on retrouve Tashtan, notre contact Slow Food. Ne parlant pas un mot d'anglais, nous devons à contre-coeur nous trouver un interprète (une nana du CBT qui se révèlera très seccos et désagréable au possible). Tashtan bien qu'il ne connaisse rien à Slow Food (!!) est très accueillant et sourit beaucoup.

Nous allons d'abord visiter l'usine d'eau minérale Jalalabat ainsi que sa source a 5km de la ville. Le process est rudimentaire. Des éprouvettes en plastique sont importées de Corée et sont juste soufflées en bouteille ici. Reste la filtration et le remplissage. Par contre, ils ont un système très archaïque pour acheminer l'eau de source à l'usine. Ca se fait par le biais de camions citernes délabrés sur une route de montagne défoncée! Dans le pays des pipelines infinis, on aurait pu imaginer une conduite pour ces 5 misérables kilomètres qui nous séparent de la source! En tout cas, les kirghizes qui ont très peu de manufacture sont très fiers de nous montrer leur usine. C'est un ebelle victoire sur Nestlé qui inonde le marché ouzbek avec ses eaux minérales!

Deuxième visite: fabrique de conserves de noix et graines de tournesol, le tout 100% exporté majoritairement vers la Turquie. Autant dire que cela n'a aucun intérêt du point de vue de Slow Food qui vise à développer les communautés locales. Ici clairement c'est le directeur de l'usine et l'importateur grossiste turque qui se font du blé sur le dos des employés sous payés. On le fait savoir à Tashtan par l'intermédiaire de notre traductrice. Il tente de nous rassurer en évoquant la prochaine visite, mais déjà on sent que nos sorties Slow Food sur Jalal-Abat sentent le roussi!

Troisième visite: fabrique de conserve de fruits sous le label local Dary Lesa. Ce fût là une grande déception. On est reçu assez froidement par la manager qui n'a visiblement pas trop de temps à nous consacrer. Elle nous apprend que pour la première année, ils ont commencé des essais avec des pesticides pour améliorer la lutte contre les maladies sur les arbres fruitiés et les noix. Quelle déception! On a dû mal à comprendre son raisonnement économique et nous nous éloignons de la démarche Slow Food.

Sur la route on s'est aussi arrêtés voir des cultivateurs de riz rouge (couleur donnée par les marnes rouges qui abondent ici), mais là encore ils ne sont pas en bio et s'approvisionnent comme tout le monde en AZOTE ("A3OT" en russe sur les paquets) dans les échoppes sur le bord des routes. On cherche à augmenter à tout prix les rendements.

On décide d'abréger notre séjour ici et de rentrer le soir même à Osh. Tashtan aura été adorable mais le programme des visites et le manque d'attrait des visites nous auront convaincu de quitter ce mini trou noir. Signe annonciateur de futures galères dans cette même ville...

Arrivés à Osh on doit changer pour une nuit d'hôtel car le Taj Mahal affiche complet. On fonce à l'hôtel Etas à 500m de là. Les rapports humains avec les gens de la rue sont différents et plus difficiles. On met ça pour le moment sur le compte de la grande ville et sur le fait que nous avons été si ravi par l'Ouzbékistan qu'il nous faut un peu de temps pour redescendre sur terre. Déjà l'envie de montagnes et de jailoos (pâturages d'été) me titille.