jeudi 16 août 2007

Voyagez Slow !

Rangez au placard votre Lonely Planet® ou autre Guide du Routard®. Voici venue l’ère d’une nouvelle façon de voyager : Voyagez Slow !

Une liste de producteurs Terra Madre[1] soigneusement rangée au fond du sac à dos, nous sommes partis cet été en Asie centrale à la rencontre des communautés nourricières Slow Food[2]. Si nous nourrissions le secret espoir de pouvoir goûter le produit de leur travail et découvrir un tant soit peu le mode de vie des gens des monts et des plaines d’Asie centrale, nous n’aurions jamais imaginé, même dans nos rêves les plus fous, être reçus comme nous l’avons été.

Récits de rencontres qui nous auront démontré avant tout la dimension humaine et fraternelle des communautés Slow Food.

KIRGHIZISTAN : ALAY ET SES ELEVEURS AU GRAND CŒUR

Pris en charge d’une main de maître par Saipidin Maksutov, éleveur de juments, nous allons connaître les plus belles journées de notre voyage.

A à peine deux heures au Sud de Och, sur une route qui mène aussi bien au Tadjikistan qu’en Chine, se trouve la petite ville de Gulchö au cœur de la région d’Alay.

Nous y rencontrons Joldosh Murzaliev, éleveur Slow Food de moutons. Le contact passe tout de suite avec cet homme aux multiples facettes qui nous parle avec émotion de ses rencontres avec des producteurs mongoles, péruviens lors de la dernière l’édition de Terra Madre à Turin. Il prend le temps de la rencontre et est visiblement heureux et fier que l’on vienne de si loin pour le voir. Il nous a concocté un programme sur mesure pour le lendemain, mais pour l’heure, l’heure est à la fête et nous allons faire l’expérience de ce que signifie l’hospitalité kirghize. En l’espace d’une soirée nous allons être conviés à pas moins de trois banquets consécutifs, le tout rythmé gaiement par une valse de toasts à la vodka !

Le lendemain matin, nous prenons la route pour les montagnes proches de Gulchö pour rencontrer les éleveurs de juments d’une jailoo (pâturage d’été) et assister à la fabrication du fameux kumys. C’est une boisson à base de lait de jument légèrement fermenté, conservé dans une panse de chèvre et « bâtonné » plusieurs fois par jour. Son goût est différent à chaque fois, ce qui le rend d’autant plus fascinant.

L’après-midi, à bord d’une jeep russe, nous nous lançons sur la difficile piste qui nous mènera à Sari-Tash pour visiter l’élevage de yacks de Jalil Osmonov à 3500m d’altitude.

Reçu chaleureusement par sa fille, nous allons approcher de très près les poilus et là encore déguster jusqu’à plus faim les spécialités locales : kaimak, kurut, beurre jaune…

OUZBEKISTAN ET LE CONVIVIUM DE TACHKENT

C’est au tour de Marina Tsoy, jeune ouzbèke dynamique de 23 ans de nous accueillir. Elle dirige le convivium de Tachkent qui compte une dizaine de membres. Elle se propose de nous faire découvrir les producteurs de produits laitiers de Khumsan et de juments de Chimgan.

Nous passerons ensemble une délicieuse journée à découvrir les secrets de fabrication du yaourt, du kurt (boule de ricotta salée), et du kumys. Là encore l’accueil des producteurs est exceptionnel et les échanges se font autour d’un merveilleux plov (riz pilaf au mouton), plat de fête par excellence, ainsi que d’un délicieux beshbarmak (larges pâtes accompagnées de pomme de terre et de mouton).

Alors lors de votre prochain voyage, n’hésitez pas à sortir des sentiers battus et partez à la rencontre des communautés de nourriture. Non seulement vous ne le regretterez pas, mais aussi et surtout ce seront des amis que vous retrouverez lors du prochain salon Terra Madre !




[1] Forum réunissant près de 5000 agriculteurs du monde entier sous l’égide de Slow Food. Pour en savoir plus, http://www.terramadre2006.org et http://www.slowfood.com


[2] Slow Food est une association culturo-gastronomique mondiale née en 1986 en Italie et présente dans plus de 50 pays. Elle défend les produits "bons, propres et justes" et revendique le droit au plaisir à table en rapprochant le consommateur des producteurs

vendredi 10 août 2007

Délices d'Asie Centrale

Asie Centrale en un clin d'oeil

Ouzbékistan:

Kirghizistan:


jeudi 9 août 2007

Hommes et femmes d'Asie Centrale

Ouzbékistan:


Kirghizistan:

lundi 6 août 2007

Retour au point de départ...

Notre vol à 6h35 pour rentrer à la maison est fin prêt. Je dois juste me battre avec les douanes ouzbeks qui tentent de m'intimider en m'emmenant dans une salle à part pour me faire recompter les devises déclarées. Je joue au con et fais style que je ne comprends pas qu'il y a un léger décalage entre les devises sur le formulaire de sortie et celles en poche.

Revivant pendant quelques secondes mon Midnight Express, le douanier décide de me libérer et me rend mon passeport. Ouf! Ca y est je vais pouvoir sortir d'Ouzbékistan et sortir du pays, la tête et le coeur remplis de souvenirs. Je vais pouvoir ranger mon bon vieux LonelyPlanet, qui malgré des infos pas toujours à jour, nous aura rendu de bons services...

A quand le prochain départ?

dimanche 5 août 2007

[Khumsan & Chimgan] Marina

Superbe dernière journée en compagnie de Marina de Slow Food Tashkent. Jeune fille adorable qui nous a organisé des visites chez deux producteurs dans la province de Tashkent.

Nous commençons par Khumsan pour partir à la rencontre d'une famille productrice de produits laitiers: kurt (kurut au Kirghizistan - boule de ricotta séchée); katik (yaourt); beurre. Nous sommes reçus comme des rois et on nous explique la fabrication des produits de A à Z (le katik est à la base du kurt). On reste déjeuner. Un superbe plov nous est servi que l'on dévorera avec les mains comme le veut la tradition.

En début d'après-midi, nous poursuivons notre route vers Chimgan pour rencontrer un éleveur kazak de juments. Bien sûr en arrivant nous avons droit à un deuxième déjeuner très copieux. Ce sera un beshbarmak ("cinq doigts"), plat de pâtes et viandes (dont le kasi, une saucisse de viande de cheval) qui se déguste de nouveau avec les doigts. Pas facile de ne pas se crâmer les mains!

Puis une fois la digestion entamée, nous faisons une mini rando à cheval pour atteindre le jailoo où sont les juments et les yurts. Ce sera notre dernier kumys, entourés des juments sous un soleil radieux.

(beshbarmak avec kasi)

(kurt, encore frais)

(Marina à gauche)

samedi 4 août 2007

[Tashkent] Mirabod bazar

Notre vol Kyrgyz Airlines s'est finalement bien passé. J'avoue que nous n'étions pas trop rassûrés à l'idée de prendre un coucou de 50 places à hélices, opéré par une compagnie blacklisté en Europe! En entrant dans l'appareil, on pouvait se rendre compte que l'avion n'était pas tout jeune.

Après de deux heures dans un bruit d'enfer et avec jets d'air froid incontrôlables, nous attérissons enfin à Tashkent.

Nous décidons de loger dans les quartiers sud à l'hôtel Orzu très classe (sans doute l'hôtel le plus confortable de tout notre séjour). On va se balader jusqu'à plus soif dans le bazar Mirabod. Les ouzbeks sont décidément trop sympa et nous reprenons nos discussions avec tous les marchands que l'on croise. On se sent bien en Ouzbékistan, la vie y est plus facile et les sourires fusent.

Le soir on retrouve Marina, la jeune responsable de 23 ans du convivium Slow Food de Tashkent au fameux Café Caravan. Nous mangeons pour la première fois des Norin, un plat de pâtes coupées très fines, accompagné de mouton et de saucisse de cheval. Ce plat est traditionnellement préparé pour les mariages.

Marina nous a concocté un superbe programme pour le lendemain. On s'en réjouit d'avance.

vendredi 3 août 2007

[Bishkek] Nomad's Home

Trajet en Audi en 2h30 pour Bishkek. On se fait déposer à la station de bus Est à deux pas d'un repair pour backpackers, le Nomad's Home. Cette adresse nous a été recommandé par des voyageurs et ne figure encore dans aucun guide. Le bouche à oreille marche à la vitesse grand V. On prendra les deux derniers lits dispo dans un dortoir à 12.

L'ambiance est très sympa et on fait la rencontre entre autre de Bernadette, une cycliste belge qui fait un tour seule en Asie en vélo en deux ans! Ou encore, Christine, une sud coréenne en chagrin d'amour depuis que son compagnon occasionnel de voyage ait parti sans elle. Et bien sûr des trekkers tchèques qui ont emporté chacun 7kg de bouffe de chez eux de peur de manquer!

On se ballade dans la capitale kirghize, somme toute assez agréable. Les gens sont beaucoup plus typés russes. Finis les chapeaux kirghizes traditionnels, place au café internet haut-débit.

jeudi 2 août 2007

[Kochkor] Dernières foulées

La redescente sur Kochkor nous prendra 5h. Heureusement la pluie nous épargnera largement et nous rentrerons secs!

A l'arrivée un des frères du guide vient nous chercher en Lada pour nous ramener en centre ville. Il en a profité pour nous amener des photos des selles de son frère. Quel beau travail de bois et de cuir. C'est chouette de rencontrer des locaux passionnés par une activité artistique dont ils peuvent décemment vivre.

J'essaye en vain de réserver par téléphone notre vol Bishkek > Tashkent. Les réservatins ne sont gardées que 30 min et aucune agence sur Kochkor pour transformer l'essai. Tant pis on les achètera une fois à Bishkek.

On retourne le soir à notre restau préféré de Kochkor: VISIT. On y mange des lagmans sautés. Un délice!

mercredi 1 août 2007

[Köl-Ukök] Une nuit sous la yurt

Trek au départ de Kochkor avec notre guide CBT adorable. Nous avons opté pour un guide non anglophone mais il se débrouille pas trop mal. Il fait guide l'été et est étudiant en art à Bishkek l'hiver. Il est en dernière année et fabrique des selles à cheval artistiques. Ses meilleures oeuvres s'arrachent à 3000$ pièce!

On va se taper deux beaux orages pendant la montée. Et miracle, on arrive sur le spendide lac Köl-Ukök sous le soleil.

Dans la yurt du CBT au bord du lac, nous allons faire connaissance de Gabriela et Joshua, un couple d'amis italo-israelien. On dévorera à l'heure du thé des nanes et du kaimak délicieux. Au diner, soupe de riz et viande. On s'emmitoufle sous des tonnes de couverture et passons notre première niuit sous la yurt. Bien plus confortable que notre mini tente.


(la yurt dans le kumys)

mardi 31 juillet 2007

[Kockor] Shyrdak de A à Z

On passe la matinée à visiter un atlier de fabrication de shyrdak, la tapis de feutre traditionnel kirghize. La démo d'une heure se paye 500 soms, soit l'équivalent d'un mois de salaire d'un enseignant débutant! Le tourisme pervertit trop ce pays et si ça continue les femmes ne feront plus de shyrdaks mais seulement des démos pour les touristes!

Voici les étapes clefs du processus. Les premières photos ne sont pas un shyrdak proprement dit mais montre la fabrication du feutre par application d'eau brûlante sur la laine de mouton compressée.



A midi on déjeune avec Guillaume, un français rencontré au bureau de poste. Installé en Belgique, il est prof de physique. Il a passé un mois dans les montagnes kirghizes, enchainant trek sur trek. Il est ravi, a assisté aux jeux à cheval et souhaite finir son voyage en se relaxant dans les villes. Ca nous confirme que les kirghizes des montagnes sont hospitaliers et que pour réussir son voyage ici il faut éviter la race des motorisés trop avides de gagner des sous sur le dos des touristes.

lundi 30 juillet 2007

[Kochkor] Un japonais givré

On voyage au petit matin avec un habitant d'une des yurts. Il nous dépose à Naryn en une traite, moyennant bien sûr rémunération conséquente. Dommage, il aurait pu juste nous demander de partager les frais car il y allait de toute façon. On est pas toujours convaincu que les kirghizes sont si hospitaliers que ça. Ils ont vite compris que les touristes leur pouvaient arrondir leur fin de mois de manière significative. Ca gâche un peu la relation à l'autre, mais ce sont les règles du jeu.

A Kochkor dans notre B&B on rencontre un cycliste japonais. Il est parti de Chine et compte rejoindre le Portugal (Lisbonne) à vélo! Bien sûr! Apparemment seuls les asiatiques ont des trajectoires Est-Ouest. Son vélo est chargé à bloc et pèse 50kg au bas mot. Je suis toujours surpris de rencontrer des gens de cette trempe. Comment gère-t-il le coup de blues et la solitude. Certes, on rencontre des gens sur le parcours, mais ça reste des rencontres éphémères.

On décide de rester se reposer dans cette ville plutôt sympa et de n'attaquer notre ultime trek que le surlendemain. On renonce à faire un crochet par Karakol, beaucoup trop touristique.

Faute de mieux, on s'organise un trek avec le CBT local, qui fort heureusement est beaucoup plus pro que celui de Jalal-Abat. On se la joue option guide, depuis notre orage en haute montagne qui a carrément refroidi nos ardeurs d'aventuriers en solo.

dimanche 29 juillet 2007

[Chatyr-Köl] Osmose avec les chevaux

Avant 9h, nous voilà sur notre monture. Mon cheval, kurut de son prénom, est un vrai bijou. Il est puissant et calme à la fois. Il a l'habitude des néophytes comme moi (c'est ma première vrai expérience à cheval!) et me guide plus que je le guide!

La rando équestre entre rivières et vallons encaissés nous conduira en 3h à un col à 4000m surplombant le lac Chatyr-Köl à deux pas de la frontière chinoise. C'est une zone tampon et on ne peut descendre au lac sans un permis spécial. Tout contre-venant se verrait mis en taule par les gardes frontière chinois pour 5 jours!

Les chevaux souffrent dans cette montée de 1000m de dénivelé. J'apprends à connaître et respecter mon cheval. C'est une expérience inoubliable, en parfaite communion avec l'animal dans des paysages verticaux.

A la descente mon cheval glissa sur des pierres et me retrouva coincer dessous! Heureusement plus de peur que de mal, j'arrive à m'extraire qu'avec quelques égratignures. Mon pied était resté coincé dans l'étrier et kurut une fois relevé n'a pas bougé. Ouf!

A l'arrivée, force est de constater que nous avons le coccyx détruit et le dos en compote. Mais là encore le coeur est joyeux et la nuit réparatrice. Cette journée restera mon meilleur souvenir nature au Kirghizistan. Je me rase en fin de journée avec lm'eau glacée de la rivière, sans mousse à raser. Nous dinons sour la yurt comme des rois.

samedi 28 juillet 2007

[Tash-Rabat] Zen zen zen

Belle performance: on est arrivés à Tash-Rabat depuis Kizart en l'espace d'une journée! On a enchainé les voitures privés comme suit: Kizart > Kochkor (1h45 avec Talgar); Kochkor > Naryn (2h); Naryn > At-Bashy (45 min) et At-Bashy > Tash-Rabat (1h30).

Nous avons effectué le dernier trajet avec un policier de Bishkek en vacances. Comme tout le monde qui a une voiture dans ce pays, il fait occasionnellement taximan pour arrondir ses fins de mois.

Le site de Tash-Rabat est magnifique. Le caravanserai encaissé au fond de la vallée au milieu des yurts est tout simplement magique.

On fait la connaissance d'un groupe de français trop sympa qui se balladent en camion sur-dimensionné 6x6 et décident de se joindre à eux pour une rando à cheval le lendemain jusqu'au col surplombant le lac Chatyr-Köl. On passe une très bonne nuit sous la tente avec le complément d'uen grosse couverture prêtée sur place.

vendredi 27 juillet 2007

[Kizart] Trouver Talgar...

Refroidis par l'expérience de la veille, nous levons le camp tôt pour attaquer au plus vite notre retour sur Kizart. En 1h, nous sommes déjà à l'Uzbek Pass et 2h30 plus tard aux portes de Kizart.

La nuance est importante car nous allons nous perdre deux fois pour retrouver la maison de Talgar. Nous allons airer pas moins de 3h dans les alentours et dans le village. Kizart n'a ni queue ni tête. Aucun centre ville. Seul un vaste champ de boue.

On arrive épuisés au B&B et attaquons une méga lessive avant de se restaurer. On organise notre départ pour Kochkor pour le lendemain et allons dormir avec les poules.

jeudi 26 juillet 2007

[Son-Köl] L'orage d'une vie

Record battu: 12h de sommeil non-stop! On s'est refait une santé! Tant mieux car nous n'avons pas encore conscience de ce qui va arriver...

Le matin on descend vers le lac rencontrer les gens des yurts. On se fait spontanément invité dans les yurts à déguster kumys (voir photo), kurut et autres délicatesses locales. Le thé nous fait un bien fou (l'absence de bois à ces altitudes nous empêche de faire un feu).

Le reste de la journée on doit jongler entre soleil et pluie. A la première éclaircie, nous fonçons faire un tour autour du lac. La lumière est magique et les chevaux laissés en liberté sont époustouflants. A notre grande joie, les champs sont recouverts d'Edelweiss!

Le ciel se couvrant de nouveau nous fonçons dans notre mini tente. Et c'est là que nous allons avoir l'orage du siècle. Une heure de neige / vent/ pluie en continue, le tout sous un ballet d'éclairs terrifiants. On compte avec angoisse les secondes entre le flash et le tonnerre. Plus que souvent, il ne faut pas 2 secondes entre ces deux évènements maudits. Nous aurons connu là nos pires heures et vue que notre tente était sur un promontoire, on a vraiment eu très peur d'être foudroyés! On ne rigole pas avec la haute montagne.

La nuit sera plus calme mais nous ne dormirons quasiment pas à cause du froid polaire (températures négatives). Nos sacs de couchage ne suffisent pas pour nous laisser un soupçon de répit. Quel constraste avec la nuit précédente!

mercredi 25 juillet 2007

[Son-Köl] 18kg à 3500m ça arrache!

Après un endormissement un peu agité (on entendait plein de bruits suspects autour de notre tente), nous attaquons l'ascension de l'Uzbek Pass à 3500m pour ensuite redescendre sur le lac Son-Köl vers 3000m.

Plus on s'approche du col, plus l'effet de l'altitude se fait sentir. Je souffre un max car je suis trop chargé. La tente, les sacs de couchage, une partie de la bouffe, j'estime mon sac à dos autour des 18kg. On mettra 5h pour arriver au col, pensant être arrivés à plusieurs reprises. On s'écroule derrière le sommet et dévorons une superbe boîte de sardines avec un nane. Le bonheur.

La descente vers le lac sera une partie de plaisir. Nous planterons la tente sur un superbe promontoire à 3200m avec vue imprenable sur le lac Son-Köl et les yurts. Les rayons de soleil nous offriront un superbe coucher de soleil. C'est le bonheur 100% nature. On descendra voir les yurts demain. Pour l'instant, on savoure notre solitude entre vaches, chevaux et marmottes!

mardi 24 juillet 2007

[Kizart] A deux pas de Son-Köl

Comme le signalait le Lonely Planet, la vallée de Suusamir est peu fréquentée. C'est peu de le dire. On a légèrement galéré pour trouver un transport pour sortir de la ville et nous amener à Kizart pour commencer notre premier trek vers le lac Son-Köl.

On commence par se planter sur la route à 9h pour faire du stop. Après une heure infructueuse, je me lance à pied dans la ville pour négocier avec les taxis locaux (en vain, les prix touristes qu'ils me sortent sont hallucinants) et me rend au bureau de poste pour contacter Shepherd's Life à Chayek (ville intermédiaire sur le trajet) pour essayer d'organiser une voiture de leur côté. La poste est un vrai morceau d'anthologie. Le central téléphonique datant sans doute de la 2ème guerre mondiale est délirant. Lorsque la communication est établie, je prends le téléphone et n'entend qu'un vrombissement. Une voix imperceptible tente de se frayer un chemin parmi les déferlantes de grésillements. En plus, il me faut parler en russe / kirghize. Je raccroche après 5 minutes de conversation sans le moindre espoir que l'on se soit compris!

Je retourne donc sur la route et miracle après une demi-heure une voiture s'arrête et veut bien nous emmener jusqu'à Chayek. Un mari (voir photo) et sa femme vont à un enterrement d'un oncle. Le mari assi devant à côté du chauffeur semble rigolo au début et fait quelques blagues vaseuses. Le problème est qu'il est bourré et qu'il devient de plus en plus lourd. Sa femme se sent obligée de rigoler à ses blagues de peur de se prendre une (mon analyse de la situation!). Bref, un trajet interminable qui heureusement se termine bien.

A Chayek, on trouve très facilement une autre voiture pour Kizart. Cette fois c'est le mari d'une prof d'anglais locale avec ses deux enfants qui veut bien nous prendre. Je m'assis devant avec la petite dans les bras. On dépose les enfants chez eux avant de continuer le trajet. Quand je sors je réalise que je suis trempé! La petite fille avait pissé partout sur le siège et m'avait aussi pissé dessus! Yes! Je me sens vraiment un backpacker roots! A la station essence je m'empresse de m'asseoir derrière. Le chauffeur ne dira rien aux autres passagers qui défileront sur sa banquette avant! Peut être pour lui c'est la meilleure façon de la faire sécher!

A Kizart, on logera chez Talgar. Désireux d'attaquer le trek pour Son-Köl le plus tôt possible, nous partons en fin d'après-midi sans dormir à Kizart. Nous marcherons deux heures pour camper en pleine nature, heureux de se faire chauffer des haricots sur un feu d'herbes séchées.

lundi 23 juillet 2007

[Suusamir] Ou un faux départ pour Kazarman!

Le jour où le CBT nous a planté. Le jour qui fâche! La grosse 4x4 tant attendue pour affronter la dure route Jalal-Abat > Kazarman s'est pointé avec 1h30 de retard et avec un seul passager au lieu de trois prévus. Du coup le prix a doublé et ne voulant pas rentrer dans leur combine nous décidons de changer de plan et de passer par la vallée de Suusamir pour rejoindre Son-Köl au lieu de commencer par le trek au sud du pays (Tash-Rabat). On est furieux car le CBT Jalal-Abat nous a fait venir jusqu'ici pour rien et nous a fait perdre 48h! Et le tout sans s'excuser bien sûr.

Le CBT (Community Based Tourism) est une organisation créée en 2000. Elle a soit-disant pour but de développer les communautés locales mais en pratique elle ne fait qu'enrichir quelques familles proches de l'organisation. Le CBT pratique des prix supérieurs au prix du marché, sans aucun service en plus. Je vous déconseille fortement d'utiliser leurs services et plutôt de vous organiser par vous même.

Notre colère passée nous montons sur un Taxi pour Bishkek avec l'intention de se faire laisser à la bifurcation avec la vallée de Suusamir (juste avant le col de Töö-Ashuu). Notre chauffeur est un étudiant en droit à Bishkek. Il rentre chez lui et comme tous ses compatriotes motorisés profite du trajet pour se faire un peu de sous. Le mot "taxi" est donc bien peu adapté. Je parlerais plus de co-voiturage payant.

Malheureusement les deux autres passagers du voyage ne sont pas aussi sympa que notre chauffeur. On tombe sur deux jeunes un peu abrutis et notre voisin sur la banquette arrière est limite autiste: il ouvre en continue sa fenêtre même si il fait froit dehors, il fume clope sur clope (voir photo) et a du mal à rester assis et occuper l'espace qui lui est imparti!

Bref le trajet est long mais la route est superbe. Défilent montagnes et lacs à couper le souffle. En plus la route récemment rénovée par les chinois (encore eux!) est impeccable!

A l'intersection avec la route pour Suusamir, notre chauffeur sympa nous aide à trouver un lift avec une famillle dans une bonne vieille Lada et nous arrivons sans encombre au village dans le seul homestay disponible.

Hasard des rencontres, on tombe sur un groupe très sympa de touristes français autour des 60 ans. Ils sont à la fin de leur voyage organisé de 20 jours dans le pays. On passe une soirée sympa ensemble et pour couronner le tout on profite du sauna russe du B&B. Un vrai régal après toutes ces heures de trajet!

dimanche 22 juillet 2007

[Jalal-Abat] Souvenirs d'Alay...

Nous quittons le matin la fabuleuse région d'Alay sans avoir pu voir le jailoo de Saipidin arrivé la veille au soir. Les pluies ont rempli les pistes d'une boue compacte et notre taxi bourré de ses 5 passagers qui nous ramènera à Osh aura bien du mal à franchir le col au-dessus de Gulchö. Notre chauffeur s'arrêtera à plusieurs reprises pour balancer des seaux d'eau sur son pare-brise couvert de boue rouge. Moult camions sont arrêtés en travers la route pour un bon bout de temps. Vivement que le chinois aient fini de rénover cette route!

A Osh on enchaine de suite dans un autre taxi pour Jalal-Abat afin d'y dormir et d'être fin prêt pour notre rendez-vous du lendemain pour la jeep de Kazarman. A contre-coeur, on loge dans un homestay du CBT qui a le monopole sur la ville comme dans quasi tout le pays. Les prix sont plus chers qu'ailleurs et les prestations ne suivent pas.

On fait nos provisions de conserves, biscuits, thé pour nos prochains treks à venir. Nous sommes fin prêts pour aller dormir dans les montagnes dans notre mini-tente.

C'est l'heure de la nostalgie et nos amis d'Alay nous manquent déjà. Joldosh nous a offert un livre en russe sur son pays. On devra le laisser lors de l'une de nos prochaines étapes car il pèse trop et nous pénaliserait dans nos déplacements.

C'est l'heure aussi de la réflexion et d'analyser la relation conflictuelle des kirghizes avec leur voisin tadjik (ils ne parlent pas de langue commune) ou de s'apitoyer sur le dur sort de la femme en Asie Centrale. Même enceinte comme la femme de Saipidin, elle trime comme une malade du matin au soir. L'homme est vraiment le pacha et tout doit être prêt quand il arrive. Dommage car on n'aura pas eu l'occasion de discuter avec les femmes de nos hôtes.

samedi 21 juillet 2007

[sari-Tash] Les éleveurs de Yacks

Tentative le matin d'aller voir le jailoo de Joldosh. Mais ce n'était sans compter sur la pluie de la nuit qui a rendu les pistes impraticables. Notre Niva patine désespérément dans la boue rouge et nous devons renoncer. On se rabat sur une autre jailoo de juments pour assister à la fabrication du fameux kumys, un breuvage à base d de lait de jument fermenté.

Le lait de jument est conservé dans une panse de chèvre et est batonné (avec un "bishkek") toutes les heures. Les ferments contenus dans la peau de chèvre vont faire fermenter le lait et lui donner 2 à 3% d'alcool. Le goût est variable en fonction du nombre et du type de batonnage, ainsi que la qualité de la peau de chèvre.

En fin de matinée, on quitte notre cher Joldosh et "thank you very much!" (en imitant l'accent de Saipidin) et on se lance sur la piste* de Sari-Tash pour aller à la rencontre des éleveurs Slow Food de Yacks. Notre jeep russe n'a pas de suspensions dignes de ce nom et notre chauffeur est on ne peut plus bourrin. On fait des sauts sur les sièges arrière et à plusieurs reprises je me fracasse le crane sur le plafond en dur! Passés un col dans le brouillard à 3600m, nous débouchons sur le jailoo des éleveurs de yacks.

On approche les bêtes aussi près que possible et nous nous régugions dans la caravanne de la famille pour déguster les produits laitiers à base de yack: beurre jaune, kurut (ricotta séchée au soleil), kaimak... Là encore la tradition du pain (nane) est respecté: le pain est découpé à la main devant nous et éparpillé sur toute la table.


(*) La route Osh > Sari-Tash se poursuit vers la Chine par le poste frontière d'Erkech-Tam pour arriver à la grande ville commerçante de l'extrême Nord-Ouest de la Chine, Kashkar. Un rpogramme de rénovation de la route sur 3 ans a été lancé par la Chine en mai 2007. Ils amènent machines et ouvriers et ont commencé par Osh. Le financement est sous forme de prêt au gouvernement kirghize. Ce projet va gradnement développer le commerce depuis la Chine et démultiplier le nombre déjà de camions chinois en transit dans le Sud du Kirghizistan