mardi 31 juillet 2007

[Kockor] Shyrdak de A à Z

On passe la matinée à visiter un atlier de fabrication de shyrdak, la tapis de feutre traditionnel kirghize. La démo d'une heure se paye 500 soms, soit l'équivalent d'un mois de salaire d'un enseignant débutant! Le tourisme pervertit trop ce pays et si ça continue les femmes ne feront plus de shyrdaks mais seulement des démos pour les touristes!

Voici les étapes clefs du processus. Les premières photos ne sont pas un shyrdak proprement dit mais montre la fabrication du feutre par application d'eau brûlante sur la laine de mouton compressée.



A midi on déjeune avec Guillaume, un français rencontré au bureau de poste. Installé en Belgique, il est prof de physique. Il a passé un mois dans les montagnes kirghizes, enchainant trek sur trek. Il est ravi, a assisté aux jeux à cheval et souhaite finir son voyage en se relaxant dans les villes. Ca nous confirme que les kirghizes des montagnes sont hospitaliers et que pour réussir son voyage ici il faut éviter la race des motorisés trop avides de gagner des sous sur le dos des touristes.

lundi 30 juillet 2007

[Kochkor] Un japonais givré

On voyage au petit matin avec un habitant d'une des yurts. Il nous dépose à Naryn en une traite, moyennant bien sûr rémunération conséquente. Dommage, il aurait pu juste nous demander de partager les frais car il y allait de toute façon. On est pas toujours convaincu que les kirghizes sont si hospitaliers que ça. Ils ont vite compris que les touristes leur pouvaient arrondir leur fin de mois de manière significative. Ca gâche un peu la relation à l'autre, mais ce sont les règles du jeu.

A Kochkor dans notre B&B on rencontre un cycliste japonais. Il est parti de Chine et compte rejoindre le Portugal (Lisbonne) à vélo! Bien sûr! Apparemment seuls les asiatiques ont des trajectoires Est-Ouest. Son vélo est chargé à bloc et pèse 50kg au bas mot. Je suis toujours surpris de rencontrer des gens de cette trempe. Comment gère-t-il le coup de blues et la solitude. Certes, on rencontre des gens sur le parcours, mais ça reste des rencontres éphémères.

On décide de rester se reposer dans cette ville plutôt sympa et de n'attaquer notre ultime trek que le surlendemain. On renonce à faire un crochet par Karakol, beaucoup trop touristique.

Faute de mieux, on s'organise un trek avec le CBT local, qui fort heureusement est beaucoup plus pro que celui de Jalal-Abat. On se la joue option guide, depuis notre orage en haute montagne qui a carrément refroidi nos ardeurs d'aventuriers en solo.

dimanche 29 juillet 2007

[Chatyr-Köl] Osmose avec les chevaux

Avant 9h, nous voilà sur notre monture. Mon cheval, kurut de son prénom, est un vrai bijou. Il est puissant et calme à la fois. Il a l'habitude des néophytes comme moi (c'est ma première vrai expérience à cheval!) et me guide plus que je le guide!

La rando équestre entre rivières et vallons encaissés nous conduira en 3h à un col à 4000m surplombant le lac Chatyr-Köl à deux pas de la frontière chinoise. C'est une zone tampon et on ne peut descendre au lac sans un permis spécial. Tout contre-venant se verrait mis en taule par les gardes frontière chinois pour 5 jours!

Les chevaux souffrent dans cette montée de 1000m de dénivelé. J'apprends à connaître et respecter mon cheval. C'est une expérience inoubliable, en parfaite communion avec l'animal dans des paysages verticaux.

A la descente mon cheval glissa sur des pierres et me retrouva coincer dessous! Heureusement plus de peur que de mal, j'arrive à m'extraire qu'avec quelques égratignures. Mon pied était resté coincé dans l'étrier et kurut une fois relevé n'a pas bougé. Ouf!

A l'arrivée, force est de constater que nous avons le coccyx détruit et le dos en compote. Mais là encore le coeur est joyeux et la nuit réparatrice. Cette journée restera mon meilleur souvenir nature au Kirghizistan. Je me rase en fin de journée avec lm'eau glacée de la rivière, sans mousse à raser. Nous dinons sour la yurt comme des rois.

samedi 28 juillet 2007

[Tash-Rabat] Zen zen zen

Belle performance: on est arrivés à Tash-Rabat depuis Kizart en l'espace d'une journée! On a enchainé les voitures privés comme suit: Kizart > Kochkor (1h45 avec Talgar); Kochkor > Naryn (2h); Naryn > At-Bashy (45 min) et At-Bashy > Tash-Rabat (1h30).

Nous avons effectué le dernier trajet avec un policier de Bishkek en vacances. Comme tout le monde qui a une voiture dans ce pays, il fait occasionnellement taximan pour arrondir ses fins de mois.

Le site de Tash-Rabat est magnifique. Le caravanserai encaissé au fond de la vallée au milieu des yurts est tout simplement magique.

On fait la connaissance d'un groupe de français trop sympa qui se balladent en camion sur-dimensionné 6x6 et décident de se joindre à eux pour une rando à cheval le lendemain jusqu'au col surplombant le lac Chatyr-Köl. On passe une très bonne nuit sous la tente avec le complément d'uen grosse couverture prêtée sur place.

vendredi 27 juillet 2007

[Kizart] Trouver Talgar...

Refroidis par l'expérience de la veille, nous levons le camp tôt pour attaquer au plus vite notre retour sur Kizart. En 1h, nous sommes déjà à l'Uzbek Pass et 2h30 plus tard aux portes de Kizart.

La nuance est importante car nous allons nous perdre deux fois pour retrouver la maison de Talgar. Nous allons airer pas moins de 3h dans les alentours et dans le village. Kizart n'a ni queue ni tête. Aucun centre ville. Seul un vaste champ de boue.

On arrive épuisés au B&B et attaquons une méga lessive avant de se restaurer. On organise notre départ pour Kochkor pour le lendemain et allons dormir avec les poules.

jeudi 26 juillet 2007

[Son-Köl] L'orage d'une vie

Record battu: 12h de sommeil non-stop! On s'est refait une santé! Tant mieux car nous n'avons pas encore conscience de ce qui va arriver...

Le matin on descend vers le lac rencontrer les gens des yurts. On se fait spontanément invité dans les yurts à déguster kumys (voir photo), kurut et autres délicatesses locales. Le thé nous fait un bien fou (l'absence de bois à ces altitudes nous empêche de faire un feu).

Le reste de la journée on doit jongler entre soleil et pluie. A la première éclaircie, nous fonçons faire un tour autour du lac. La lumière est magique et les chevaux laissés en liberté sont époustouflants. A notre grande joie, les champs sont recouverts d'Edelweiss!

Le ciel se couvrant de nouveau nous fonçons dans notre mini tente. Et c'est là que nous allons avoir l'orage du siècle. Une heure de neige / vent/ pluie en continue, le tout sous un ballet d'éclairs terrifiants. On compte avec angoisse les secondes entre le flash et le tonnerre. Plus que souvent, il ne faut pas 2 secondes entre ces deux évènements maudits. Nous aurons connu là nos pires heures et vue que notre tente était sur un promontoire, on a vraiment eu très peur d'être foudroyés! On ne rigole pas avec la haute montagne.

La nuit sera plus calme mais nous ne dormirons quasiment pas à cause du froid polaire (températures négatives). Nos sacs de couchage ne suffisent pas pour nous laisser un soupçon de répit. Quel constraste avec la nuit précédente!

mercredi 25 juillet 2007

[Son-Köl] 18kg à 3500m ça arrache!

Après un endormissement un peu agité (on entendait plein de bruits suspects autour de notre tente), nous attaquons l'ascension de l'Uzbek Pass à 3500m pour ensuite redescendre sur le lac Son-Köl vers 3000m.

Plus on s'approche du col, plus l'effet de l'altitude se fait sentir. Je souffre un max car je suis trop chargé. La tente, les sacs de couchage, une partie de la bouffe, j'estime mon sac à dos autour des 18kg. On mettra 5h pour arriver au col, pensant être arrivés à plusieurs reprises. On s'écroule derrière le sommet et dévorons une superbe boîte de sardines avec un nane. Le bonheur.

La descente vers le lac sera une partie de plaisir. Nous planterons la tente sur un superbe promontoire à 3200m avec vue imprenable sur le lac Son-Köl et les yurts. Les rayons de soleil nous offriront un superbe coucher de soleil. C'est le bonheur 100% nature. On descendra voir les yurts demain. Pour l'instant, on savoure notre solitude entre vaches, chevaux et marmottes!

mardi 24 juillet 2007

[Kizart] A deux pas de Son-Köl

Comme le signalait le Lonely Planet, la vallée de Suusamir est peu fréquentée. C'est peu de le dire. On a légèrement galéré pour trouver un transport pour sortir de la ville et nous amener à Kizart pour commencer notre premier trek vers le lac Son-Köl.

On commence par se planter sur la route à 9h pour faire du stop. Après une heure infructueuse, je me lance à pied dans la ville pour négocier avec les taxis locaux (en vain, les prix touristes qu'ils me sortent sont hallucinants) et me rend au bureau de poste pour contacter Shepherd's Life à Chayek (ville intermédiaire sur le trajet) pour essayer d'organiser une voiture de leur côté. La poste est un vrai morceau d'anthologie. Le central téléphonique datant sans doute de la 2ème guerre mondiale est délirant. Lorsque la communication est établie, je prends le téléphone et n'entend qu'un vrombissement. Une voix imperceptible tente de se frayer un chemin parmi les déferlantes de grésillements. En plus, il me faut parler en russe / kirghize. Je raccroche après 5 minutes de conversation sans le moindre espoir que l'on se soit compris!

Je retourne donc sur la route et miracle après une demi-heure une voiture s'arrête et veut bien nous emmener jusqu'à Chayek. Un mari (voir photo) et sa femme vont à un enterrement d'un oncle. Le mari assi devant à côté du chauffeur semble rigolo au début et fait quelques blagues vaseuses. Le problème est qu'il est bourré et qu'il devient de plus en plus lourd. Sa femme se sent obligée de rigoler à ses blagues de peur de se prendre une (mon analyse de la situation!). Bref, un trajet interminable qui heureusement se termine bien.

A Chayek, on trouve très facilement une autre voiture pour Kizart. Cette fois c'est le mari d'une prof d'anglais locale avec ses deux enfants qui veut bien nous prendre. Je m'assis devant avec la petite dans les bras. On dépose les enfants chez eux avant de continuer le trajet. Quand je sors je réalise que je suis trempé! La petite fille avait pissé partout sur le siège et m'avait aussi pissé dessus! Yes! Je me sens vraiment un backpacker roots! A la station essence je m'empresse de m'asseoir derrière. Le chauffeur ne dira rien aux autres passagers qui défileront sur sa banquette avant! Peut être pour lui c'est la meilleure façon de la faire sécher!

A Kizart, on logera chez Talgar. Désireux d'attaquer le trek pour Son-Köl le plus tôt possible, nous partons en fin d'après-midi sans dormir à Kizart. Nous marcherons deux heures pour camper en pleine nature, heureux de se faire chauffer des haricots sur un feu d'herbes séchées.

lundi 23 juillet 2007

[Suusamir] Ou un faux départ pour Kazarman!

Le jour où le CBT nous a planté. Le jour qui fâche! La grosse 4x4 tant attendue pour affronter la dure route Jalal-Abat > Kazarman s'est pointé avec 1h30 de retard et avec un seul passager au lieu de trois prévus. Du coup le prix a doublé et ne voulant pas rentrer dans leur combine nous décidons de changer de plan et de passer par la vallée de Suusamir pour rejoindre Son-Köl au lieu de commencer par le trek au sud du pays (Tash-Rabat). On est furieux car le CBT Jalal-Abat nous a fait venir jusqu'ici pour rien et nous a fait perdre 48h! Et le tout sans s'excuser bien sûr.

Le CBT (Community Based Tourism) est une organisation créée en 2000. Elle a soit-disant pour but de développer les communautés locales mais en pratique elle ne fait qu'enrichir quelques familles proches de l'organisation. Le CBT pratique des prix supérieurs au prix du marché, sans aucun service en plus. Je vous déconseille fortement d'utiliser leurs services et plutôt de vous organiser par vous même.

Notre colère passée nous montons sur un Taxi pour Bishkek avec l'intention de se faire laisser à la bifurcation avec la vallée de Suusamir (juste avant le col de Töö-Ashuu). Notre chauffeur est un étudiant en droit à Bishkek. Il rentre chez lui et comme tous ses compatriotes motorisés profite du trajet pour se faire un peu de sous. Le mot "taxi" est donc bien peu adapté. Je parlerais plus de co-voiturage payant.

Malheureusement les deux autres passagers du voyage ne sont pas aussi sympa que notre chauffeur. On tombe sur deux jeunes un peu abrutis et notre voisin sur la banquette arrière est limite autiste: il ouvre en continue sa fenêtre même si il fait froit dehors, il fume clope sur clope (voir photo) et a du mal à rester assis et occuper l'espace qui lui est imparti!

Bref le trajet est long mais la route est superbe. Défilent montagnes et lacs à couper le souffle. En plus la route récemment rénovée par les chinois (encore eux!) est impeccable!

A l'intersection avec la route pour Suusamir, notre chauffeur sympa nous aide à trouver un lift avec une famillle dans une bonne vieille Lada et nous arrivons sans encombre au village dans le seul homestay disponible.

Hasard des rencontres, on tombe sur un groupe très sympa de touristes français autour des 60 ans. Ils sont à la fin de leur voyage organisé de 20 jours dans le pays. On passe une soirée sympa ensemble et pour couronner le tout on profite du sauna russe du B&B. Un vrai régal après toutes ces heures de trajet!

dimanche 22 juillet 2007

[Jalal-Abat] Souvenirs d'Alay...

Nous quittons le matin la fabuleuse région d'Alay sans avoir pu voir le jailoo de Saipidin arrivé la veille au soir. Les pluies ont rempli les pistes d'une boue compacte et notre taxi bourré de ses 5 passagers qui nous ramènera à Osh aura bien du mal à franchir le col au-dessus de Gulchö. Notre chauffeur s'arrêtera à plusieurs reprises pour balancer des seaux d'eau sur son pare-brise couvert de boue rouge. Moult camions sont arrêtés en travers la route pour un bon bout de temps. Vivement que le chinois aient fini de rénover cette route!

A Osh on enchaine de suite dans un autre taxi pour Jalal-Abat afin d'y dormir et d'être fin prêt pour notre rendez-vous du lendemain pour la jeep de Kazarman. A contre-coeur, on loge dans un homestay du CBT qui a le monopole sur la ville comme dans quasi tout le pays. Les prix sont plus chers qu'ailleurs et les prestations ne suivent pas.

On fait nos provisions de conserves, biscuits, thé pour nos prochains treks à venir. Nous sommes fin prêts pour aller dormir dans les montagnes dans notre mini-tente.

C'est l'heure de la nostalgie et nos amis d'Alay nous manquent déjà. Joldosh nous a offert un livre en russe sur son pays. On devra le laisser lors de l'une de nos prochaines étapes car il pèse trop et nous pénaliserait dans nos déplacements.

C'est l'heure aussi de la réflexion et d'analyser la relation conflictuelle des kirghizes avec leur voisin tadjik (ils ne parlent pas de langue commune) ou de s'apitoyer sur le dur sort de la femme en Asie Centrale. Même enceinte comme la femme de Saipidin, elle trime comme une malade du matin au soir. L'homme est vraiment le pacha et tout doit être prêt quand il arrive. Dommage car on n'aura pas eu l'occasion de discuter avec les femmes de nos hôtes.

samedi 21 juillet 2007

[sari-Tash] Les éleveurs de Yacks

Tentative le matin d'aller voir le jailoo de Joldosh. Mais ce n'était sans compter sur la pluie de la nuit qui a rendu les pistes impraticables. Notre Niva patine désespérément dans la boue rouge et nous devons renoncer. On se rabat sur une autre jailoo de juments pour assister à la fabrication du fameux kumys, un breuvage à base d de lait de jument fermenté.

Le lait de jument est conservé dans une panse de chèvre et est batonné (avec un "bishkek") toutes les heures. Les ferments contenus dans la peau de chèvre vont faire fermenter le lait et lui donner 2 à 3% d'alcool. Le goût est variable en fonction du nombre et du type de batonnage, ainsi que la qualité de la peau de chèvre.

En fin de matinée, on quitte notre cher Joldosh et "thank you very much!" (en imitant l'accent de Saipidin) et on se lance sur la piste* de Sari-Tash pour aller à la rencontre des éleveurs Slow Food de Yacks. Notre jeep russe n'a pas de suspensions dignes de ce nom et notre chauffeur est on ne peut plus bourrin. On fait des sauts sur les sièges arrière et à plusieurs reprises je me fracasse le crane sur le plafond en dur! Passés un col dans le brouillard à 3600m, nous débouchons sur le jailoo des éleveurs de yacks.

On approche les bêtes aussi près que possible et nous nous régugions dans la caravanne de la famille pour déguster les produits laitiers à base de yack: beurre jaune, kurut (ricotta séchée au soleil), kaimak... Là encore la tradition du pain (nane) est respecté: le pain est découpé à la main devant nous et éparpillé sur toute la table.


(*) La route Osh > Sari-Tash se poursuit vers la Chine par le poste frontière d'Erkech-Tam pour arriver à la grande ville commerçante de l'extrême Nord-Ouest de la Chine, Kashkar. Un rpogramme de rénovation de la route sur 3 ans a été lancé par la Chine en mai 2007. Ils amènent machines et ouvriers et ont commencé par Osh. Le financement est sous forme de prêt au gouvernement kirghize. Ce projet va gradnement développer le commerce depuis la Chine et démultiplier le nombre déjà de camions chinois en transit dans le Sud du Kirghizistan

vendredi 20 juillet 2007

[Gulchö] Joldosh et la vallée d'Alay

La piste vers les Sud depuis Osh est spectaculaire. Nous nous dirigeons vers le Tadjikistan et la Chine (Erkech-Tam). Destination la vallée d'Alay, Gulchö puis Sari-Tash. Les vallées s'enfilent les unes dans les autres et plus qu'ailleurs on a l'impression de quitter toutes zones touristiques si elles existent vraiment dans ce pays. On oublie très vite notre mini trou noir d'Osh et on sent que l'on a eu raison de patienter pour venir jusqu'ici avec les gens de Slow Food.

A Gulchö reçu on ne peut plus chaleureusement par Joldosh, directeur du tout nouveau lycée professionnel de la ville et éleveur Slow Food de moutons et chevaux, et Gulmira, professeur d'anglais qui nous sert de traductrice, nous partons ensemble visiter le musée locale dédiée aux us et coutumes et à l'héroïne locale. Les femmes semblent avoir eu une place historique dans le développement de la région. Ca fait plaisir à voir dans ces contrées plus que macho!

Nous déjeunerons copieusement dans un relai pour camionneurs sur la route de Sari-Tash. Suivant son instinct, Joldosh nous emène dans un de ses coins préférés au bord de la rivière. En passant, il achète une bouteille de vin kirghize et nous allons passer toute l'après-midi entre baignade dans les rapides et pique-nique décontracté. On se sent bien. Très vite nos hôtes perdent leur côté formel du début et laissent place à une vraie rencontre. Je construis avec Joldosh des barrages de pierres sur la rivière. Le temps file et nous en oublions même d'aller visiter son jailoo...

En fin d'après-midi, Joldosh nous invite chez lui pour connaître sa famille. Pensant y aller pour un simple thé, nous tombons dans une véritable spirale d'hospitalité et de générosité. Le thé des 17h se révèle être à lui seul un véritable diner. Sauf que quand celui-ci est pour terminer, d'autres plats arrivent et le véritable diner ne fait que commencer! Bien sûr, le tout arrosé de vodka! Quelle erreur d'avoir accepté cette première vodka ("please, just one, for friendship!"). C'était sans compter sur les inombrables invités qui allaient défiler en l'honneur des guests et pour qui nous allons devoir trinquer et porter un toast avec speech à l'appui.

Mon tour venu, je porte un toast à l'hospitalité sans précédent avec laquelle ils nous accueillent et évoque ce documentaire sur le Kirghizistan que j'ai vu il y a 3 ans et qui m'a donné envie d'aller découvrir ce pays. Je leur dis que jamais je n'aurais imaginer être si bien reçu et que ce qui se passait ce soir dépassait tous mes rêves les plus fous.

Venu l'heure de se coucher, on nous emmène dans une autre maison, chez Mederbeck, jugeant que la maison de Joldosh était trop petite pour nous! Et surprise surprise en arrivant sur place, on découvre un autre diner qui nous attend!! Rebelotte, re-vodka... Sur le chemin en voiture, nous croisons deux cyclistes belges, Olivier et Margot, qui ont bien halluciné de voir une troupe de joyeux larons faire demi-tour devant eux pour les saluer. Quelle soirée!

jeudi 19 juillet 2007

[Osh] Mini trou noir

On est un peu dans un trou noir. On est bloqués à Osh en attendant que nos contacts Slow Food se libèrent. On espère que ça en vaudra le coup car l'expérience de Jalal-Abat nous a un peu refroidi. Sentiment de frustration de devoir attendre dans cette grande ville sans intérêt touristique ni humain.

On passe le matin à essayer de trouver une solution logistique pour poursuivre notre voyage sur Tash Rabat (At-Bashy) en passant par Kazarman. Après moult tentatives, on décide de faire confiance au CBT de Jalal-Abat qui nous promet de pouvoir organiser le tronçon Jalal-Abat Kazarman avec une grosse 4x4 pour le lundi 23 juillet. On passe à contre-coeur par la même nana qui nous a servi de traductrice la veille. Le feeling n'est pas là mais on n'a guère d'autres choix. Traverser le pays d'Est en Ouest s'avèrera bien plus difficile que l'on ne le pensait...

On passe pas mal de temps dans un endroit en face de l'hôtel qui a la prouesse de réunir en un seul lieu un café internet, un centre téléphonique, une guesthouse ("Osh Guesthouse") et accessoirement un magasin de chaussures! On sympathise avec un garçon parlant bien anglais.

On passe dans un guichet de changes. Ici c'est très facile de changer de l'argent car celle-ci circule abondamment avec les trafics de tout genre. Devant nous un jeune homme dépose des soms et récupère la bagatelle de 6000$ en cash dans un sac plastique. Les affaires vont bon train!

Osh rare ville sur notre petite planète qui peut se vanter d'avoir 3000 ans d'histoire derrière elle semble avoir tout perdu de son passé fascinant ou même récent (pas de trace de soviétisation non plus). C'est une méga ville sans queue ni tête, où il fait bon regarder où on marche car les plaques d'égout en fonte ont été quasiment toutes volées pour être refondues!

mercredi 18 juillet 2007

[Jalal-Abat] L'eau minérale, fierté nationale

Toc toc toc! Il est 6h40 pour nous et Saipidin frappe déjà à notre porte. On ouvre la porte pas encore tout à fait réveiller puisque l'on avait rendez-vous à 8h! C'est là que l'on réalise que l'on a oublié de changer nos montres pour tenir du décalage horaire entre Ouzbékistan et Kirghizistan (il y a 1h de plus ici). Cela explique aussi pourquoi nos hôtes ont subtilement mentionné qu'ils nous ont attendu hier pour notre rendez-vous dinatoire.

On fonce dans un taxi (une Audi svp!) organisé par Saipidin et nous voilà en 1h30 à Jalal-Abat. La route est impeccable. Elle vient d'être refaite par les chinois (route Osh-Bishkek). Au début notre chauffeur papy était un vrai gentleman mais malheureusement cela n'a guère duré! Il s'est mis à doubler tout le monde, et ce même dans les situations les plus absurdes (double ligne continue en plein virage sans visibilité!). Il faudra décidément se faire au mode de conduite en Asie Centrale!

A Jalal-Abat, on retrouve Tashtan, notre contact Slow Food. Ne parlant pas un mot d'anglais, nous devons à contre-coeur nous trouver un interprète (une nana du CBT qui se révèlera très seccos et désagréable au possible). Tashtan bien qu'il ne connaisse rien à Slow Food (!!) est très accueillant et sourit beaucoup.

Nous allons d'abord visiter l'usine d'eau minérale Jalalabat ainsi que sa source a 5km de la ville. Le process est rudimentaire. Des éprouvettes en plastique sont importées de Corée et sont juste soufflées en bouteille ici. Reste la filtration et le remplissage. Par contre, ils ont un système très archaïque pour acheminer l'eau de source à l'usine. Ca se fait par le biais de camions citernes délabrés sur une route de montagne défoncée! Dans le pays des pipelines infinis, on aurait pu imaginer une conduite pour ces 5 misérables kilomètres qui nous séparent de la source! En tout cas, les kirghizes qui ont très peu de manufacture sont très fiers de nous montrer leur usine. C'est un ebelle victoire sur Nestlé qui inonde le marché ouzbek avec ses eaux minérales!

Deuxième visite: fabrique de conserves de noix et graines de tournesol, le tout 100% exporté majoritairement vers la Turquie. Autant dire que cela n'a aucun intérêt du point de vue de Slow Food qui vise à développer les communautés locales. Ici clairement c'est le directeur de l'usine et l'importateur grossiste turque qui se font du blé sur le dos des employés sous payés. On le fait savoir à Tashtan par l'intermédiaire de notre traductrice. Il tente de nous rassurer en évoquant la prochaine visite, mais déjà on sent que nos sorties Slow Food sur Jalal-Abat sentent le roussi!

Troisième visite: fabrique de conserve de fruits sous le label local Dary Lesa. Ce fût là une grande déception. On est reçu assez froidement par la manager qui n'a visiblement pas trop de temps à nous consacrer. Elle nous apprend que pour la première année, ils ont commencé des essais avec des pesticides pour améliorer la lutte contre les maladies sur les arbres fruitiés et les noix. Quelle déception! On a dû mal à comprendre son raisonnement économique et nous nous éloignons de la démarche Slow Food.

Sur la route on s'est aussi arrêtés voir des cultivateurs de riz rouge (couleur donnée par les marnes rouges qui abondent ici), mais là encore ils ne sont pas en bio et s'approvisionnent comme tout le monde en AZOTE ("A3OT" en russe sur les paquets) dans les échoppes sur le bord des routes. On cherche à augmenter à tout prix les rendements.

On décide d'abréger notre séjour ici et de rentrer le soir même à Osh. Tashtan aura été adorable mais le programme des visites et le manque d'attrait des visites nous auront convaincu de quitter ce mini trou noir. Signe annonciateur de futures galères dans cette même ville...

Arrivés à Osh on doit changer pour une nuit d'hôtel car le Taj Mahal affiche complet. On fonce à l'hôtel Etas à 500m de là. Les rapports humains avec les gens de la rue sont différents et plus difficiles. On met ça pour le moment sur le compte de la grande ville et sur le fait que nous avons été si ravi par l'Ouzbékistan qu'il nous faut un peu de temps pour redescendre sur terre. Déjà l'envie de montagnes et de jailoos (pâturages d'été) me titille.

mardi 17 juillet 2007

[Osh] Saipidin

Après un trajet en taxi d'1h30 depuis Ferghana en Ouzbékistan, nous passons le poste frontière à Osh pour entrer au Kirghizistan (nous avons organisé le visa avant de partir car ce poste frontière ne le délivre pas).

Ce qui frappe d'entrée de jeu, ce sont la multitude de grosses Mercedes qui pullulent dans les rues! Osh ne faillit décidément pas à sa tradition de mecque du trafic en tout genre (opium bien sûr en tête). Ce qui nous frappe aussi ce sont les visages plus tuyypés "chinois". La ville nous apparait comme moderne avec pletor de café internet, de restaurants et même des bancomats!

On loge au Taj Mahal, un eptit hotel bien confortable où nous profitons sans le savoir encore de notre dernière source en eau courante du pays avant Bishkek. Une fois posé, nous appellons notre contact Slow Food, Saipidin.

En effet, faisant partie de l'association mondiale Slow Food, nous avons pris la peine avant de partir de se renseigner pour avoir les coordonnées des producteurs locaux faisant partie du réseau alternatif Terra Madre, qui met en relation plus de 5000 agriculteurs sur la planète.

Saipidin, manager dans une boite de micro crédit local, nous a concocté un programme fort sympathique pour les prochains jours. On le retrouve le soir pour un diner en ville. Il nous emmenera d'abord sur Salomon's Throne, une montagne au coeur de la ville où la vue au coucher de soleil sur Osh est imprenable. Je profiterai aussi de cette escapade sur la montagne pour me glisser dans une grotte sacrée pas plus haute que 50cm. Il parait que ce rite initiatique donne énergie et santé à tous ceux qui arrivent jusqu'au bout (ce que je crois j'ai fait!).

Bien évidemment la soirée est bien arrosée à la bierre et au cognac! On se sait entre de bonnes mains et nous nous réjouissons d'avoir pris contact avec les gens de Slow Food. Le Kirghizistan commence très très bien.

lundi 16 juillet 2007

[Margilan] Au coeur de la soie

On retourne ce matin à Margilan pour visiter l'usine de la soie, Yordirlik. Avec guide en anglais, nous parcourons toutes les étapes de la fabrication de tissus en soie.

Voici un petit slideshow sur les étapes clefs du processus:



C'est passionnant de découvrir les cocons de soie (un cocon produit entre 500m et 2km de fil de soie). Un v er à soie peut manger jusqu'à 4kg de feuilles de "marlberry" par jour! Ils sont généralement élevés par des familles dans la région qui s'épuisent à fournir la quantité de feuilles pendant la période de production des filaments de soie (qui sortent littéralement de la bouche des vers). J'ai envie de dire que ça me rappelle l'engraissage des oies et des canards pour fabriquer le foie gras!

Les cocons sont dénoués dans un bain chaud et les filaments assemblés pour être plus solide. On peut compter jusqu'à 50 filaments ensemble pour former un fil de tapis. Bien sûr plus le fil est fin, plus le travail sera de qualité.

Les fils sont ensuite lavés pour être débarrassés de leur colle naturelle. Ils passent ensuite à la teinture. Fait remarquable: les couleurs sont imprégnées avant le tissage. Les couleurs naturelles sont données par des racines de plante, des pelures d'oignon et donnent un nombre limité de couleurs (généralement tirant sur les bruns ou ocre).

Les maîtresses tisseuses ne gagnent que 50$ par mois. Autant dire que bon nombre de familles préfèreront travailler avec les touristes pour gagner de l'argent plus facilement (une nuit dans une guesthouse peut coûter 10$ par personne par nuit). Espérons que l'activité artisanale du travail de la soie ne sera pas mise en danger par l'activité touristique...

On déjeune un superbe plov au bazar en compagnie de Stéphane, un français qui revient d'un stage de 3 mois à New Dehli. On discute des livres incontournables sur l'Asie Centrale, parmi lesquels "Par les monts et les plaines d'Asie Centrale" d'Anne Nivat.

En se balladant au bazar l'après-midi, nous faisons la connaissance de Sanjar, un étudiant assez sage et posé en dernière année de fac d'anglais. Il se propose de nous faire découvrir sa ville. On va manger une glace dans son endroit préféré. Il prend le bus avec nous pour Ferghana et nous aide à poster nos cartes postales au bureau de poste. Il prend le temps de vivre et a décidé au dernier moment d'aller rendre visite à des amis en ville. Pas besoin de les prévenir. Il débarquera chez eux sans aucun problème. On a beaucoup à apprendre de leur façon de vivre si relax et de leur sens de l'entraide et de l'hospitalité.

Le soir on retourne manger nos shashlyks dans notre restau préféré. On a un accueil triomphal et la soirée sera une longue séance de photos avec tous les employés du restau! Génial! La serveuse "Madonna" est d'une spontanéité unique. Quelle superbe dernière impression d'Ouzbékistan avant de passer au Kirghizistan. Les gens sont si chaleureux ici et ce n'est pas la barrière de la langue qui y changera quoi que ce soit. Nous partons de ce pays le coeur joyeux de toutes nos rencontres.